Environnement : « Nous devons redevenir des habitants du monde »

Pour sortir de la crise écologique, il faut cesser de se comporter comme des « envahisseurs », juge la militante écologiste Maude Prud’homme. Elle participera à la conférence internationale La Grande transition, qui vise notamment à réinventer en profondeur notre rapport à la nature.

Feux de forêt, canicules, déversements pétroliers, disparitions d’espèces : si on veut véritablement comprendre ce qui arrive à notre planète, il faut admettre que tous ces événements ne sont « que les symptômes » d’une crise plus générale, d’une « crise totale », explique Maude Prud’homme, en entrevue avec Majeur. Selon elle, si nous continuons sur notre lancée, nous continuerons de rencontrer des points de bascule et de perdre toute possibilité d’agir sur l’état du monde que nous habitons.

En parlant de crise totale, Maude Prud’homme veut aussi mettre en relief que l’environnement n’est pas simplement menacé par une grande quantité de petits gestes individuels, mais bien par tout un système social et économique basé sur la violence.

« Nous avons une posture d’envahisseurs. Nous devons nous demander comment redevenir des habitants du monde. »

Maude Prud’homme, militante écologiste et participante à la conférence internationale La Grande transition

La violence imprègne complètement nos rapports à la nature, souligne-t-elle, mais aussi l’attitude des plus puissants envers ceux d’entre nous qui payent déjà le prix de la dégradation de la planète, et en particulier les Premiers Peuples. C’est tout cela qu’il faut changer, en profondeur. « Ça va demander énormément de courage pour prendre la mesure de la situation et être à la hauteur », affirme la militante.

C’est pour contribuer à ce changement social d’ampleur qu’un ensemble de chercheurs et de militantes, dont Maude Prud’homme, se réuniront lors de la conférence internationale La Grande transition. Entièrement gratuit et ouvert à tous, l’événement aura lieu en ligne du 20 au 23 mai 2021 et comptera plus d’une vingtaine d’ateliers, dont plusieurs visant à repenser et à transformer notre rapport à la nature.

En effet, l’heure est à la réflexion, insiste Maude Prud’homme. Avec les plans de relance post-pandémiques, nous vivons une occasion historique d’investir nos énergies dans de nouvelles directions, souligne-t-elle. Nous ne devons pas faire l’erreur de tout miser encore une fois sur le béton ou sur les hydrocarbures : malgré l’urgence, nous devons prendre le temps de nous demander de quelles infrastructures nous avons vraiment besoin.

« Ce qui est urgent, c’est de bien faire les choses. Il faut se donner de nouveaux objectifs. »

Maude Prud’homme

Pour réinventer notre manière d’habiter le monde et la rendre plus durable, il faut déjà lutter pour plus de démocratie, mentionne Maude Prud’homme. Il faut s’assurer que ceux qui subissent les conséquences écologiques de nos choix de société aient leur mot à dire. Les Premiers Peuples de partout dans le monde, notamment, devront jouer un rôle de premier plan dans la transition écologique.

« Il faut s’exercer à écouter, à entendre, à ressentir. Il y a une volonté, une soif, une curiosité collectives à honorer. »

Maude Prud’homme

Toutes sortes des solutions d’avenir existent déjà et ne demandent qu’à être mises en oeuvre : elles sont par exemple exposées dans la Feuille de route pour la transition du Québec vers la carboneutralité, fruit d’une collaboration entre des dizaines d’organisations écologistes. Chose certaine, il n’y aura pas de solution écologique sans « une réflexion profonde et collective » sur nos priorités et sur notre manière d’habiter la nature : c’est pour mener une telle réflexion qu’aura lieu La Grande transition 2021.


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