De la production jusqu’à l’élimination, la pollution que génère le plastique frappe d’abord les populations les plus vulnérables selon l’Organisation des Nations unies (ONU). Pour lutter contre ce problème, il faut cesser de penser que le problème est l’usage qu’on fait du plastique et admettre que c’est le plastique lui-même.
Si le plastique se trouve partout sur la Terre, la pollution qu’il crée n’affecte pas tout le monde de la même manière, conclut un récent rapport réalisé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’organisme environnemental Azul. Le plastique engendre de graves impacts négatifs autant au moment de sa production et de son utilisation que lorsqu’il devient un déchet non dégradable : à chaque étape, les groupes plus vulnérables subissent des dommages démesurés.
Ce sont d’abord ceux qui vivent près des installations pétrolières qui subissent les conséquences de la pollution plastique. En effet, l’exploitation, le transport et le raffinage du pétrole impliquent la destruction de vastes espaces naturels, la construction de pipelines pouvant causer des déversements ainsi que la dégradation de la qualité de l’air. Les communautés autochtones sont particulièrement vulnérables à ces activités qui contribuent à la détérioration de leurs territoires traditionnels et des ressources naturelles dont ils dépendent pour vivre, rappellent les auteurs du rapport.
Après son utilisation, quand le plastique est recyclé ou éliminé, il se retrouve le plus souvent dans des territoires habités par des groupes vulnérables. Les incinérateurs ou les dépotoirs se situent le plus souvent près de communautés défavorisées. Par ailleurs, les pays riches du Nord envoient beaucoup de leurs déchets plastiques à ceux du Sud pour qu’ils se chargent du recyclage, dans des conditions habituellement extrêmement difficiles.
À peine 9% du plastique produit depuis 1950 a été recyclé. Or, même le recyclage ne fait que retarder le moment où les produits de plastique doivent être éliminés, rappelle le rapport. Ainsi, sur les neuf milliards de tonnes de plastique fabriquées par l’humanité, près de 5 milliards de tonnes se retrouvent aujourd’hui dans des dépotoirs ou à la dérive dans l’environnement, notamment dans les océans. Comme il ne se décompose pas, le plastique affecte indéfiniment les écosystèmes et se dégrade en microparticules toxiques pour les animaux autant que pour les humains.
Pour remédier à ce problème, il ne suffit pas de compter sur les consommateurs individuels, ni même de développer de meilleures méthodes de gestion du plastique : il faut limiter sa production, insistent l’ONU et Azul.