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Hécatombe dans les CHSLD : les problèmes en cause étaient connus depuis longtemps

Les milliers d’aînés qui sont morts au Québec pendant la pandémie ont été victimes de problèmes dans le système de santé qui étaient bien connus et dont les responsables politiques avaient été informés. Le manque de personnel et de ressources ainsi que les structures centralisées sont pointées du doigt dans un rapport.

La Commissaire à la santé et au bien-être (CESB) rendait public mardi son rapport préliminaire sur les soins aux aînés lors de la pandémie de COVID-19, pour lequel elle a interrogé des centaines de personnes, dont de nombreuses travailleuses de la santé ainsi que des proches aidants.

« Les services ont été parfois rendus, parfois non. Il y a un département qui, faute de [préposés] et d’infirmière, n’a reçu aucun repas. Les soins urgents sont faits : pilule, traitement, mais souvent on a dû couper les coins ronds en raison de la surcharge de travail. »

Témoignage recueilli par la CESB

Les témoignages ont permis d’établir que les services aux aînés, comme les CHSLD ou les soins à domicile, font face à un manque criant de matériel et de personnel. Les installations sont vétustes et les employées sont privées d’équipement de protection. Les établissements vivent aussi une grave pénurie de main-d’œuvre : les infirmières et les préposés manquent, et trop peu de médecins et des gestionnaires responsables sont sur le terrain.

« Cela fait des années qu’il y a eu des plaintes sur le manque de personnel, de services et d’équipement à cause de coupures dans le budget de la santé, par des usagers et leurs proches. »

Témoignage recueilli par la CESB

En conséquence, de nombreux aînés sont laissés à eux-mêmes et ne reçoivent pas tous les soins sécuritaires auxquels ils ont droit : repas sautés, couches non changées, infections, déshydratation, solitude, etc. La commissaire n’hésite pas à parler de « maltraitance institutionnelle » pour qualifier une situation qui régnait déjà dans le système bien avant la pandémie. Les deux tiers des personnes mortes de la COVID-19 au cours de la première vague étaient des résidents de CHSLD.

« Nous sommes convaincus que si le système avait été réellement orienté sur les besoins de la population, des vies de plus auraient été sauvées. »

Joanne Castonguay, Commissaire à la santé et au bien-être

La piètre qualité des soins prodigués aux aînés s’explique aussi par la structure centralisée et hiérarchique du système de santé, surtout depuis la réforme initiée par le gouvernement Couillard. Durant la pandémie, le personnel des établissements, qui n’avait pas son mot à dire sur les décisions prises, a même été limité dans les mesures de prévention qui pouvaient être mises en place. Les employées devaient appliquer tant bien que mal les directives toujours changeantes du ministère, qu’elles découvraient parfois seulement au moment des conférences de presse télévisées du gouvernement Legault.

Les témoins interrogés par la commissaire jugent que pour remédier au problème, il faut d’abord et avant tout contrer la pénurie de personnel. Cela implique en premier lieu d’offrir de meilleures conditions aux travailleuses du réseau : pourtant, en pleine négociation avec les employés du secteur public, le gouvernement Legault refuse de leur offrir des améliorations significatives.


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