Des locataires d’un immeuble de Rosemont ont reçu un avis d’éviction parce que le nouveau propriétaire du bâtiment veut le rénover, mais ils n’entendent pas quitter les lieux. Selon eux, la demande est malhonnête et représente un cas de « rénoviction », une pratique courante qui empire la crise du logement à Montréal.
En mars dernier, les locataires de l’immeuble situé au 3265 rue Saint-Zotique Est ont reçu une lettre les informant qu’ils allaient devoir quitter leur logis pour une durée de 8 mois. La nouvelle propriétaire de l’immeuble, une compagnie immobilière, veut faire des rénovations. La compagnie offre une compensation d’environ 2000 $ aux locataires, mais plusieurs refusent. De nouvelles offres sont envoyées aux récalcitrants : on leur offre jusqu’à 6000 $, mais cette fois ils doivent quitter les lieux pour de bon. Plusieurs refusent toujours de partir, jugeant la demande de la compagnie malhonnête.
C’est que la majeure partie des travaux que les propriétaires veulent effectuer touche l’extérieur du bâtiment. Les locataires pensent donc qu’il n’est pas nécessaire pour eux de quitter les lieux. Pour les résidents, il est clair qu’il s’agit d’une « rénoviction », soit une tactique qui consiste à expulser des locataires de longue date, qui paient des loyers moins élevés, sous prétexte de travaux de rénovation pour ensuite louer les logements à plus haut prix.
Même s’ils acceptaient de partir, il serait impossible pour plusieurs de dénicher un logement qui corresponde à leurs besoins et leur budget à Montréal, et surtout pas dans leur quartier de Rosemont-La-Petite-Patrie. En effet, 18 « rénovictions » auraient eu lieu dans l’arrondissement cette année seulement contre environ cinq dans les 15 années précédentes. Une locataire de l’immeuble, Gladis Osorio, qui y habite depuis 26 ans, mentionne à La Presse que certains ont dû chercher jusqu’à Laval et Repentigny pour trouver un loyer qu’ils peuvent se permettre.
La multiplication des cas de « rénoviction » ne fait qu’empirer la crise du logement qui sévit à Montréal. Même si le gouvernement de la CAQ continue de nier que la situation est critique et refuse d’investir dans le logement abordable, les partis d’opposition provinciaux et des intervenants ont demandé au gouvernement fédéral d’intervenir.