Manifestation à Ottawa en 1993 Photo : André Querry | Flickr (Tous droits réservés)

Le nombre d’heures pour avoir droit au chômage passe de 700 à 420 heures

Jusqu’en septembre 2022, il faudra 420 heures de travail pour toucher l’assurance-emploi, alors que le nombre d’heures normalement demandé varie selon les individus, pouvant atteindre jusqu’à 700 heures. La diminution permanente du palier d’admissibilité est exigée depuis des années par les groupes de chômeurs et les organisations syndicales.

La crise économique engendrée par la COVID avait déjà forcé le gouvernement Trudeau à apporter des assouplissements au plus important programme social fédéral. Le budget déposé lundi prend acte de certaines failles dans l’assurance-emploi et apporte des corrections. Mais celles-ci demeurent temporaires, tandis que des changements permanents sont réclamés.

Le changement le plus marquant concerne le nombre minimal d’heures travaillées pour être admissible aux prestations : un seuil universel de 420 heures entrera en vigueur pour un an lorsque la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) prendra fin, en septembre 2021. Avant la pandémie, le seuil variait selon les régions et le taux de chômage au sein de celles-ci.

Le gouvernement Trudeau avait d’abord laissé croire que cette mesure inscrite au budget serait permanente. Mais il a finalement précisé mardi qu’il ne s’agissait que d’une mesure temporaire. « Il n’y a toujours pas de plan pour l’après-pandémie », s’inquiète Milan Bernard, du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC), en entrevue avec Majeur.

Les sanctions pour une fin d’emploi « non valide » seront aussi assouplies pour la même période : en temps normal, une personne se retrouvant sans travail après une démission ou un renvoi perdait les heures qu’elle avait accumulées pour se qualifier à l’assurance-emploi.

Finalement, la durée des prestations pour maladie passera de 15 à 26 semaines à partir de l’été 2022, de manière permanente. C’est une bonne nouvelle, selon Milan Bernard, mais cela ne suffit pas pour autant. Le CNC demande plutôt l’instauration d’une durée de prestation universelle de 50 semaines, applicable à tous les programmes de l’assurance-emploi. Les prestations régulières varient actuellement entre 14 et 45 semaines.

En fait, une réforme globale et permanente de l’assurance-emploi s’impose, jugent les organisations de chômeurs et de travailleurs.

« Le contexte de la COVID nous a mis en pleine figure les lacunes du régime d’assurance-emploi, le gouvernement doit réformer ce programme en profondeur. »

Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Les travailleurs autonomes doivent être couverts par l’assurance-emploi, comme c’est le cas actuellement avec la PCRE. « C’est inadmissible qu’il n’y ait aucune couverture » pour eux dans le programme habituel, alors qu’ils vivent une grande précarité, pose Milan Bernard.

Si le gouvernement Trudeau a aussi annoncé la prolongation de projets-pilotes offrant quelques semaines de prestations supplémentaires aux travailleurs saisonniers de certaines régions, « il faudra faire plus, trouver une solution permanente », affirme Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

La crise actuelle rend plus urgents que jamais des changements sérieux et le gouvernement Trudeau doit donc s’engager rapidement à procéder à une véritable réforme : « la fenêtre est ouverte, il faut y aller », conclut Milan Bernard.

Une version précédente de cet article ne mentionnait pas le caractère temporaire de certaines mesures. Les correctifs ont été apportés après les clarifications du gouvernement.


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