Photo : Debora Cartagena, USCDCP | Pixnio

Le gouvernement contraint par le tribunal de fournir des masques N95 au personnel de la santé en zone tiède

Le Tribunal administratif du travail (TAT) a imposé à quatre CHSLD de fournir des masques de type N95 à toutes ses travailleuses qui interviennent en zone tiède, forçant la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) à étendre la mesure à toute la province. Cette décision survient alors que le gouvernement résiste depuis plusieurs mois à offrir une protection adéquate au personnel à risque. 

Dans une nouvelle décision, le TAT donne raison aux travailleuses et réprimande les institutions gouvernementales ainsi qu’un groupe de CHSLD privés. Le jugement du TAT stipule que le CISSS de l’Outaouais et le groupe Vigi Santé doivent fournir des masques de type N95 au personnel œuvrant en zone tiède, là où des patients suspectés d’être infectés à la COVID-19 attendent des résultats de test. Les masques de procédure ordinaires ne constituent pas une protection appropriée, vu les risques de propagation aérienne.

Le juge adresse aussi des reproches à l’Institut national de santé publique (INSPQ), qui continue d’ignorer les sérieux risques de contagion par aérosol « malgré le consensus scientifique qui se dessine ». En effet, le jugement du TAT va à l’encontre des recommandations actuelles de l’INSPQ. Il s’opposait aussi aux directives de la CNESST, mais celle-ci a finalement emboîté le pas au TAT en imposant le N95 dans les zones tièdes partout au Québec.

Les syndicats qui ont mené la requête auprès du tribunal blâment le gouvernement pour n’avoir pas agi plus tôt en appliquant le principe de précaution.

« C’est le gouvernement qui n’a pas été bienveillant en refusant d’être proactif comme l’exige sa propre loi. C’est révoltant qu’on ait eu à se battre pour qu’un juge finisse par reconnaître l’évidence. »

Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Cela fait plusieurs mois que le personnel la santé réclame des mesures de protection appropriées, mais doit faire face à l’obstruction du gouvernement et des institutions. La CAQ avait d’abord imposé un décret limitant strictement l’accès aux masques N95, s’opposant aux avis d’experts et aux demandes pressantes de l’opposition. Ce n’est qu’en février dernier que la CNESST a rendu obligatoire le port des N95 en zone chaude. Or, Majeur révélait peu après que la CNESST était au courant depuis mai 2020 des risques de contagion aérienne et de la nécessité de protéger le personnel soignant en conséquence.

L’entêtement au sein de l’État à ignorer les revendications des travailleuses de la santé a exposé ces dernières à de graves risques : plus de 40 000 ont été infectées et 18 sont mortes de la COVID-19.


Vous aimez nos publications?
Suivez Majeur sur vos réseaux sociaux