La CNESST était au courant des risques de transmission par aérosols dès mai 2020, mais n’a agi que neuf mois plus tard

De nouveaux documents révèlent que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) était au courant des risques de transmission de la COVID-19 par voie aérienne dès le mois de mai 2020. C’est seulement le 9 février dernier que la CNESST a rendu obligatoire le port du masque N95 pour le personnel de la santé dans les zones chaudes, après s’être fait forcer la main.

Dans un document transmis à la CNESST daté du 19 mai 2020, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité au travail (IRSST) prévenait la Commission des risques de transmission du virus par voie aérienne. L’IRSST faisait part de nouvelles données scientifiques confirmant le rôle des aérosols dans la transmission du virus. L’IRSST invitait donc la CNESST à appliquer « le principe de précaution en rehaussant non seulement [le] niveau de protection respiratoire [des travailleurs de la santé], mais aussi l’ensemble des mesures directes et indirectes de protection en milieu de travail ».

Un nouveau document est transmis le 14 octobre 2020, incluant des recommandations claires quant aux mesures de protection à mettre en place dans tous les milieux de travail et espaces publics. L’IRSST recommandait notamment le port obligatoire de masques de type N95 dans les lieux où la présence de personnes contaminées ou potentiellement contaminées est inévitable, comme dans les milieux de soins en zone chaude. Or, c’est seulement le 9 février dernier que la CNESST émet finalement un avis pour faire respecter cette recommandation, le lendemain d’une sortie publique de l’IRSST sur le sujet.

Entre-temps, les études et les appels de la communauté scientifique se sont multipliés pour forcer les États à prendre en compte la transmission par aérosols dans l’évaluation des risques et la mise en oeuvre des mesures de protection. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a changé sa position dès juillet 2020 et l’Agence de Santé publique du Canada, elle, a mis à jour ses directives au début du mois de novembre.

Le gouvernement du Québec a agi à retardement sur le dossier, ce qui a participé à une contamination particulièrement élevée au sein du personnel de la santé. Une étude rapportait récemment que le Québec faisait piètre figure comparativement aux autres provinces canadiennes en cette matière. Plus de 30 000 travailleuses du réseau de la santé ont été infectées et trois en sont décédées.


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