Image : CPAC

Réforme en santé et sécurité : forcé de réviser son projet, le ministre persiste à s’attaquer aux travailleurs

Le gouvernement a déposé des dizaines d’amendements de dernière minute à sa réforme en santé et sécurité, sans laisser le temps à l’opposition et aux organisations de les étudier convenablement. Le ministre Boulet avait été forcé de retravailler le projet de loi 59 face à une opposition unanime, mais sa nouvelle nouvelle mouture ne satisfait toujours pas, sauf les employeurs, qui font de grosses économies.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé en bloc 102 amendements à son projet de réforme en santé et sécurité au travail. Cette manœuvre, qui survient juste au moment de commencer l’étude détaillée de la réforme, est déplorée par les partis d’opposition, qui auront peu de temps pour les examiner convenablement. Ils ont même demandé de reporter un peu le moment des délibérations, pour pouvoir obtenir l’avis des groupes concernés, mais cela a été refusé par le gouvernement caquiste majoritaire.

Le projet de loi initial, qui était donc loin d’être achevé, avait été critiqué par l’opposition, par les organisations syndicales et même par la Santé publique parce qu’il compromettait sérieusement la sécurité des travailleurs et leur accès aux indemnisations.

Le ministre Boulet a dû reculer sur certains points particulièrement contestés. Il a notamment dû abandonner son idée de classer les lieux de travail par « niveaux de risque », ceux-ci ayant été jugés arbitraires : le milieu de la santé, par exemple, était considéré à risque « faible », ce qui donnait droit à moins de mesures préventives. Par ailleurs, la contestation des changements qui portaient atteinte aux travailleuses enceintes a aussi porté fruit.

Malgré ces quelques concessions, le projet de loi 59 est toujours jugé inapproprié par l’opposition. La réforme vise d’abord à faire épargner de l’argent aux employeurs et à l’État, souvent au détriment des travailleurs. Par exemple, des restrictions dans les indemnisations priveront plusieurs d’entre eux de l’argent qui leur est dû après un accident de travail : ceux dont l’audition a été atteinte au travail seront particulièrement laissés pour compte. L’accès aux traitements de réadaptation sera aussi sérieusement réduit.

« La priorité du ministre, c’est la santé […] des travailleurs et travailleuses ou la santé financière du grand capital? »

Alexandre Leduc, député de Québec solidaire

De plus, le ministre Boulet refuse toujours de reconnaître l’épuisement professionnel comme une maladie professionnelle pouvant être indemnisée. C’est pourtant un problème qui touche gravement de plus en plus de travailleuses, notamment dans le réseau de la santé et de l’éducation.

Le projet de loi 59 et ses amendements ont été « salués » par les employeurs réunis au sein de la Fédération des chambres de commerce du Québec.


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