«Le racisme systémique, il est aussi dans les médias»

Josette Brun dirige un ouvrage, De l’exclusion à la solidarité, paru chez Remue-Ménage, qui montre que la radio, la télévision et les journaux participent eux aussi au racisme systémique. La représentation qu’on y fait des femmes autochtones et de diverses origines doit connaître un important changement de cap, affirme la professeure au Département d’information et de communication de l’Université Laval, en entrevue avec Majeur.

Même dans une affaire où elles sont au centre de l’histoire, comme dans le cas très médiatisé de Val-d’Or où des femmes autochtones ont révélé avoir été agressées par des policiers, elles peinent à faire entendre leurs voix. Pour Josette Brun, si on analyse le traitement de cette nouvelle, la parole des femmes autochtones y est présentée comme peu crédible, voire même secondaire. Par exemple, les liens qui ont été établis entre la prostitution, la toxicomanie et les femmes autochtones ont minés leur prise de parole. Certains médias ont même renversé les rôles en représentant les policiers comme les victimes de cette histoire.

En ce moment, les enjeux autochtones font une fois de plus surface dans l’actualité médiatique avec le cas de Joyce Echaquan. Karine Bertrand, professeure adjointe au département de Film and Media à Queen’s University et signataire d’un chapitre de l’ouvrage, rappelle que ce n’est pas la premier cas qui émeut la population, mais qu’on attend toujours des gestes concrets qui changeraient la vie des femmes autochtones et leur représentation dans l’espace public.

« Déjà il y a trente ans, la cinéaste Alanis Obomsawin mettait en lumière, dans ses œuvres documentaires, le racisme et les préjugés qui existaient envers les peuples autochtones. […] Trente ans plus tard, les mêmes problèmes existent. La diffusion massive des images enregistrées par Joyce est à la fois un rappel et un signal d’alarme important; la population sera-t-elle à l’écoute? Les gouvernements sont-ils prêts à reconnaître leurs erreurs, à demander pardon et à écouter les revendications des peuples autochtones? »

Karine bertrand, professeure à queen’s university


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