La pandémie n’a pas les mêmes conséquences pour tout le monde : les employés les plus précaires sont aussi ceux qui sont le plus exposés au virus en travaillant à l’extérieur. Le télétravail pose aussi des obstacles particuliers aux femmes, aux jeunes ou encore aux immigrants.
Le phénomène du télétravail accroît plusieurs inégalités préexistantes dans la société canadienne, montre un nouveau rapport de l’Environics Institute, qui a interrogé plus de 5000 travailleurs partout au Canada.
D’abord, tous n’ont pas la possibilité de demeurer chez eux pour éviter de s’exposer à la contagion : c’est environ la moitié des travailleurs qui ont dû continuer de travailler à l’extérieur. Ceux occupant déjà des emplois plus précaires (à temps partiel, moins bien rémunérés, etc.) se sont tout particulièrement retrouvés à travailler hors du domicile, tandis que les cols blancs, les professionnels ou les cadres ont davantage pu bénéficier du télétravail.
Mais des inégalités persistent même entre les télétravailleurs. Ainsi, chez ceux ayant de jeunes enfants, trois personnes sur cinq ont témoigné éprouver de la difficulté à concilier leur emploi et leurs tâches parentales. Une autre enquête menée l’an dernier montrait que les femmes assumaient la plus grande part du fardeau parental en contexte de pandémie.
De plus, les jeunes, les immigrants, les personnes racisées ainsi que les autochtones ont signalé une plus forte inquiétude que la moyenne concernant l’impact du télétravail sur leur carrière. Selon les auteurs du rapport, cela est lié au fait que ces groupes ont généralement une moins bonne stabilité d’emploi. Le travail à distance peut aussi contribuer à l’isolement de ceux qui rencontraient déjà des obstacles dans leur emploi.
Les télétravailleurs autochtones et racisés sont aussi beaucoup plus nombreux que les autres à ne pas avoir accès à tout le matériel informatique ni aux logiciels nécessaires à leur travail.
Puisque le télétravail risque de prendre une place de plus en plus importante, même après la pandémie, les organisations qui ont commandé le rapport jugent que des mesures pour mieux soutenir leurs employés plus vulnérables doivent être instaurées dans les entreprises. Ils considèrent aussi que les gouvernements ont la responsabilité d’assurer une relance économique juste qui réduise les disparités entre les secteurs d’emploi.