Photo : Cloé Fortin

Des dizaines de locataires menacés d’éviction veulent refuser de quitter leurs logements

Après avoir reçu un avis d’éviction pour travaux majeurs, les habitants d’un immeuble de 90 logements à Montréal songent à s’opposer à leurs propriétaires en restant dans leurs appartements. Ils font face à un des nombreux cas de « rénoviction » qui aggravent la crise du logement qui sévit au Québec.

Les locataires du Manoir Lafontaine, un immeuble situé sur l’avenue Papineau à Montréal, ont reçu la semaine dernière un avis d’éviction pour cause de travaux majeurs : les nouveaux propriétaires veulent les forcer à partir pour au moins sept mois, le temps d’effectuer d’importantes rénovations.

Pour toute compensation, ils ne leur offrent que l’équivalent de trois mois de loyer, une somme « ridicule » qui ne permettrait absolument pas aux habitants de se reloger dans les environs en pleine crise du logement, explique Cloé Fortin du Comité logement Plateau Mont-Royal, en entrevue avec Majeur.

Les résidents, dont plusieurs habitent l’immeuble depuis longtemps et bénéficient de loyers plus bas que la moyenne, ont de sérieux doutes sur les intentions des propriétaires et ne comptent pas se laisser faire. Lors d’une rencontre avec le comité logement, où ils étaient plus d’une cinquantaine, ils ont planifié leur défense. Ils envisagent de refuser en masse de se conformer à l’avis d’éviction, ce dont ils ont pleinement le droit, en espérant que cela fasse reculer les propriétaires.

Si ces derniers persistent, ils devront se rendre devant les tribunaux pour aller de l’avant avec les expulsions. Ils pourraient alors être forcés de verser une véritable compensation aux locataires déplacés, comme le prévoit la loi.

Le recours à des évictions pour travaux majeurs (ou « rénovictions ») est une stratégie couramment utilisée par des propriétaires pour forcer le départ des occupants et louer à fort prix aux nouveaux locataires, explique Cloé Fortin. Les deux nouveaux propriétaires du Manoir Lafontaine sont d’ailleurs connus pour recourir à ce genre de manœuvres, mais aussi pour harceler les résidents et les forcer à abandonner leur logis, comme l’a révélé La Presse.

Pour éviter que ce genre de situations ne se reproduise, les comités logement réclament un contrôle des loyers, ce qui dissuaderait les propriétaires de se lancer dans des rénovictions. La construction de logements sociaux est aussi essentielle pour réduire l’emprise des spéculateurs sur le marché locatif : pourtant, le dernier budget du gouvernement Legault est absolument insuffisant dans ce domaine.


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