Pour la deuxième fois en moins d’un an, un ministre de la CAQ s’est dit favorable à la vente de données personnelles à des fins commerciales. Après s’être opposé à la tenue d’une consultation publique sur le sujet à l’automne dernier, le ministre Éric Caire cherche encore une fois à repousser le débat.
La CAQ a réitéré son intérêt à vendre les renseignements personnels des Québécois à des entreprises privées. Selon le ministre Éric Caire, ces renseignements détenus par l’État sont une « ressource » qui pourrait éventuellement être « exploitée » grâce à la commercialisation de mégadonnées anonymisées (big data).
Durant l’étude du projet de loi no 64, concernant la protection des données personnelles, Québec Solidaire (QS) a proposé un amendement afin d’interdire que l’État communique les renseignements de santé de la population à ceux qui souhaitent en faire un usage commercial. L’amendement a été bloqué par la CAQ.
Déjà, en août dernier, le ministre caquiste de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait évoqué la possibilité de céder gratuitement les renseignements de santé aux entreprises pharmaceutiques installées ici, dans le but d’en attirer davantage au Québec : une stratégie « winner », selon lui, qui laisserait les compagnies « jouer dans nos plates-bandes ».
Cette fois, le ministre Caire a aussi laissé entendre que d’autres données, comme les informations fiscales, pourraient intéresser des entreprises privées.
Au moment de bloquer l’amendement de QS, le ministre Caire a affirmé que les travaux parlementaires en cours sur le projet de loi no 64 n’étaient pas le bon contexte pour fermer la porte à la vente des données personnelles.
Pourtant, à l’automne dernier, la CAQ s’était aussi opposée à la tenue d’une consultation publique sur le sujet, revendiquée par tous les partis d’opposition. Pour Québec Solidaire, la CAQ cherche simplement à étouffer la discussion publique pour se donner davantage de marge de manœuvre.