Photo : Jenna Lee / Unsplash

Un pesticide « tueur d’abeilles » toujours permis au Canada

Des groupes environnementaux sont inquiets de la décision de Santé Canada de ne pas interdire l’utilisation d’un insecticide néonicotinoïde malgré des engagements qui datent de plusieurs années. Les effets dévastateurs de ces produits sur les abeilles et les autres insectes pollinisateurs sont pourtant bien connus.

Santé Canada a décidé hier qu’il n’était pas nécessaire d’interdire complètement l’emploi de l’imidaclopride, un pesticide néonicotinoïde utilisé notamment dans la culture du maïs. En entrevue au Devoir, Nadine Bachand, analyste principale en agriculture du groupe Équiterre, a qualifié la décision de déplorable, disant que le gouvernement fédéral fait preuve d’imprudence.

Santé Canada avait pourtant conclu en 2018 que les pesticides de ce genre, aussi connus sous les noms de « néonics » et « tueurs d’abeilles » devraient être interdits à cause du risque qu’ils représentent pour les insectes pollinisateurs et la biodiversité. En 2016, Santé Canada avait même spécifiquement recommandé l’abandon de l’imidaclopride à cause de ses effets nocifs sur les insectes aquatiques, qui forment la base de plusieurs écosystèmes au pays. 

En plus de tuer des insectes pollinisateurs, ces insecticides restent longtemps dans l’environnement et créent un « effet domino ». En décimant les populations d’insectes dont se nourrissent les poissons et d’autres prédateurs, ces produits fragilisent les écosystèmes où ils sont utilisés. C’est donc l’ensemble de la biodiversité qui est mise en danger.

Il s’agit du troisième pesticide du genre à échapper à l’interdiction suite à l’examen de nouvelles données par Santé Canada. En avril dernier, l’agence a en effet annoncé qu’elle n’interdit ni la thiaméthoxame ni la clothianidine parce que de nouvelles données montraient que les risques étaient acceptables. Or, certaines des données en question proviennent de l’industrie des pesticides elle-même. L’implication de cette industrie dans l’évaluation de ses propres produits inquiète le milieu de la protection environnementale depuis plusieurs années. 


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