De grands promoteurs immobiliers ont acheté presque tout un pâté de maisons datant du 19e siècle en plein cœur du Quartier chinois de Montréal. Cela fait craindre que les nouveaux propriétaires expulsent les résidents et démolissent plusieurs édifices patrimoniaux pour faire place à de nouvelles constructions.
Brandon Shiller et Jeremy Kornbluth, de Hillpark Capital, ont procédé à de nombreuses acquisitions sur un même pâté de maisons au cœur du Quartier chinois. Ils ont procédé sous le nom « 1000 St-Urbain Ltd » : il s’agit de l’adresse d’un lot vacant, ce qui en dit long sur leurs intentions, soulignent plusieurs observateurs.
Les deux investisseurs ont récemment été au cœur de l’actualité pour leur tentative de « rénoviction » au Manoir Lafontaine. Ils sont connus pour leurs pratiques de harcèlement envers les locataires et pour leur tendance à entreprendre de grands travaux pour mieux imposer de fortes hausses de loyer.
L’arrivée d’Hillpark Capital chez eux inquiète les résidents du secteur ainsi que le Groupe de travail sur le Quartier chinois, une association citoyenne vouée à l’organisation et à la défense du quartier historique et de sa communauté. L’apparition d’une grande tour résidentielle de luxe au beau milieu du quartier, par exemple, chasserait de nombreux locataires et commerces, en plus de contribuer à l’embourgeoisement en favorisant la hausse des loyers. À terme, c’est la présence de la communauté chinoise qui est menacée.
De plus, les bâtiments en danger, qui datent du 19e siècle, ont une grande valeur historique. Ils incluent notamment l’ancienne British and Canadian School, où est aujourd’hui installée la compagnie Nouilles Wing, qui existe depuis plus d’un siècle, de même qu’un ancien hôpital chinois, qui abrite aujourd’hui l’Association chinoise de Montréal. Le Quartier chinois est l’un des plus vieux quartiers de la ville, existant depuis plus 200 ans.
Les groupes qui se mobilisent aujourd’hui contre l’intervention d’Hillpark Capital souhaitent que leur quartier obtienne un statut de site patrimonial afin de prévenir les destructions et de mieux contrôler les développements immobiliers. Ils sont en pourparlers avec la Ville de Montréal à ce sujet. Le Groupe de travail tiendra aussi une réunion de mobilisation dimanche prochain.