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Airbnb finance de faux mouvements citoyens pour changer les lois en sa faveur

Airbnb embauche des organisateurs professionnels pour monter de toutes pièces des « clubs » d’utilisateurs qui se présentent comme spontanés. Les membres de ces clubs « citoyens », triés sur le volet, font pression sur les gouvernements afin d’obtenir des ajustements légaux favorables à son modèle d’affaires.

Selon une récente enquête de l’Université de Manchester, Airbnb crée, finance et coordonne des « clubs » d’utilisateurs destinés à militer sur la place publique en faveur de ses intérêts commerciaux. La compagnie leur fournit également des modèles de lettres et de pétitions à envoyer à leurs élus.

Alors qu’au moins 59% des logements offerts sur Airbnb sont détenus par des professionnels de la location, ces clubs sont plutôt constitués de petits propriétaires choisis sur mesure par Airbnb. Tout est calculé donner l’illusion que les mesures réclamées sont au bénéfice de ceux qui louent une chambre à l’occasion pour arrondir leurs fins de mois.

En réalité, Airbnb bénéficie surtout aux grands propriétaires qui se servent de la plateforme pour louer des immeubles entiers à court terme et à fort prix. Cela contribue à la rareté des logements et à la hausse des loyers dans de nombreuses villes du monde, dont chez nous, explique Maxime Roy-Allard, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), en entrevue avec Majeur.

« Airbnb est venu s’emparer de centaines, de milliers d’appartements en pleine crise du logement. »

Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ

Les organisateurs payés par Airbnb recrutent soigneusement les membres de leurs faux mouvements populaires. Ils sélectionnent ceux dont les histoires sont les plus avantageuses et les aident à peaufiner leurs revendications et à les faire circuler dans les médias. Les clubs sont aussi mobilisés pour témoigner dans des consultations publiques, ou encore lors de manifestations.

Des pratiques similaires sont déployées par toutes sortes de plateformes fonctionnant sur un modèle similaire (Uber, Lyft, Doordash, etc.), mais c’est Airbnb qui a développé la stratégie la plus ambitieuse, selon les auteurs de l’enquête.

Au Québec, Airbnb a mené des campagnes dans les dernières années pour tenter de bloquer les nouvelles règlementations limitant l’utilisation des plateformes à des fins de location commerciale. Des chaînes de courriels ont été lancées et un club a été fondé à Montréal pour « sout[enir] un cadre favorable au partage de logement ».

Les lois ont toutefois été adoptées, mais les grands propriétaires « continuent de les contourner pour faire un maximum de cash », déplore Maxime Roy-Allard. Pour les groupes de locataires, la seule manière de se prémunir contre les abus d’Airbnb demeure l’interdiction totale de la plateforme.


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