Développement et Paix s’attaque à l’avortement tout en recevant de l’argent fédéral

Développement et Paix met fin à plus d’une vingtaine de partenariats avec des organismes internationaux dont les positions « entreraient en contradiction avec la morale catholique ». Malgré son manque de transparence et ses positions contre l’avortement, l’organisation bénéficie de subventions fédérales s’élevant à plusieurs millions de dollars

L’organisme, qui est officiellement responsable du volet solidarité internationale de l’Église catholique du Canada, a annoncé conjointement avec la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), avoir mis fin à 24 partenariats avec des organismes qui « contrediraient l’enseignement social et moral de l’Église ». Cette annonce fait suite à une enquête de plus de 3 ans sur une soixantaine d’organismes internationaux dont les positions étaient jugées « préoccupantes » par les évêques canadiens.

Développement et Paix et la CECC refusent de rendre public le rapport d’enquête, de dévoiler les noms des partenaires impliqués, ainsi que de préciser ce qui leur était reproché. Mais selon une source qui oeuvre dans le secteur de la coopération internationale, ce sont principalement des organismes qui travaillent pour les droits des femmes dont les vivres ont été coupés. Depuis le début de l’enquête, des partenaires internationaux se font mettre de la pression pour défendre publiquement leurs positions concernant les droits reproductifs, dont l’organisme haïtien de promotion des droits des femmes, Fanm Deside. En 2019, l’organisme recevait une lettre de la part de Développement et Paix lui ordonnant de répondre par « oui » ou « non » si elle appuyait la légalisation de l’avortement en Haïti, dans le cadre de « préoccupations » à leur égard.

« Certains parlent de harcèlement [lors du processus d’évaluation] pour qu’elles disent publiquement qu’elles suivaient les préceptes de l’Église catholique, particulièrement au sujet de l’avortement. »

Une source anonyme oeuvrant dans le secteur de la coopération internationale en entrevue avec majeur

Des reproches avaient également été adressés en 2019 au jésuite hondurien Ismaël Moreno Coto, directeur de la station Radio Progreso et de l’Équipe de réflexion, d’information et de communication (Fundación ERIC), pour avoir donné la parole à une militante lesbienne et pro-choix sur ses plateformes. Développement et Paix n’a pas voulu confirmer si les liens avaient été rompus ou non avec M. Coto à la suite de l’enquête. 

Développement et Paix a obtenu 5,9 millions $ en subventions de la part d’Affaires mondiales Canada en 2019 et 2020. Pourtant, le gouvernement de Justin Trudeau a adopté une politique d’aide internationale féministe qui semble en contradiction avec les positions de Développement et Paix sur les droits reproductifs des femmes. Dans un message présentant la politique, la ministre des Affaires étrangères d’alors, Chrystia Freeland, insistait sur le fait que la défense de ces droits était « au cœur de [leur] politique étrangère ».

« C’est navrant de voir qu’autant d’organismes vont être fragilisés, surtout dans le contexte actuel où le Canada se présente comme un allié des luttes pour les droits des femmes à l’international. »

UNE SOURCE ANONYME OEUVRANT DANS LE SECTEUR DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE


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