«Les Québécois sont des colons, mais pas des colonisés»

Alain Deneault publie Bande de colons chez Lux où il propose un nouveau regard sur la société canadienne, la divisant en trois: les colonisateurs, les colons et les colonisés. En entrevue avec Majeur, il s’attaque durement au Canada et propose carrément de le démanteler.

Pour Alain Deneault, les colons d’aujourd’hui, les « petites mains » de la colonisation, c’est la « classe moyenne ». Ce sont ceux qui rendent possible la colonisation et qui peuvent en vivre, sans pour autant la contrôler ou devenir riches et puissants grâce à elle. Ils le font sous la houlette des colonisateurs – banquiers, hommes d’affaires, politiciens – et en pillant, spoliant et exterminant les colonisés – les peuples autochtones du Canada. Être un colon « est un titre peu glorieux, avilissant, peu reluisant », d’où le fait que ce soit une insulte au Québec. C’est pourtant le véritable statut politique de la plupart des Québécois et des Canadiens qui ne sont ni colonisés, ni colonisateurs, selon Deneault.

« Le colonisateur d’aujourd’hui, c’est celui qui façonne le régime colonial canadien, qui le pérennise et qui en profite. Par exemple, un Brian Mulroney, qui est actif dans le domaine minier, qui devient premier ministre, qui retourne ensuite sur le conseil d’administration de Barrick Gold, puis chez Quebecor: c’est un colonisateur. »

Alain Deneault, auteur de Bande de colons

Pour Alain Deneault, il faut démanteler le Canada. De toute façon, suite aux nombreuses crises qui s’annoncent, il se démembrera probablement de lui-même dans des sous-régions. Il faudra en profiter pour s’organiser sur une base relativement autonome à partir d’une idée simple: « on est pognés ensemble, on doit s’organiser, se donner des règles qui ressemblent aux gens ». Ces régions pourront collaborer ensemble pour des grands projets, mais en dehors de la logique coloniale qui a fondé le Canada.

« Penser le Canada pour lui-même, c’est penser une pays dont l’histoire est très gênante, pas glorieuse du tout et intimement associée à un capitalisme violent. C’est une entreprise de spoliation. »

Alain Deneault, auteur de Bande de colons


Vous aimez nos publications?
Suivez Majeur sur vos réseaux sociaux