Improvisation de blouses de protection avec un sarrau et une serviette, partage de visières à usage unique, employés symptomatiques forcés de travailler, les inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité et de la sécurité au travail (CNESST) font état de graves lacunes dans les établissements de santé. Une enquête de La Presse révèle que plus d’un établissement sur cinq n’a pas été en mesure de protéger adéquatement ses résidents, ses patients et son personnel pendant la première vague.
Des rapports d’interventions de la CNESST obtenus par La Presse dressent un portrait morbide des conditions entourant la gestion de la première vague. Sur 230 établissements, pas moins de 52, soit plus de 20%, n’ont pas été en mesure de respecter les consignes sanitaires. Les raisons sont nombreuses, mais tristement familières : manque de matériel de protection, manque d’effectifs, manque de communication.
Au CHSLD Joseph-François-Perrault à Montréal par exemple, le personnel a dû improviser des blouses de protection à partir de sarraus de laboratoire. On leur a demandé de les porter à l’envers et d’ajouter une serviette au cou et des élastiques aux poignets pour en augmenter l’étanchéité. À la résidence Berthiaume-Du Tremblay, également à Montréal, le personnel devait partager des visières à usage unique.
Au manque de matériel de protection s’est ajouté un manque criant d’effectifs. Dans au moins quatre CHSLD, des employées malades ont été forcées de se rendre au travail, même si leurs employeurs affirment le contraire. Dans certains cas, les employées mises en isolement ne sont pas remplacées, comme à la résidence Ferland à Danville, où personne ne s’est chargé de la désinfection des lieux pendant au moins une semaine, menant à 23 infections et six morts.
L’absence de communication claire entre les différents paliers administratifs n’a fait qu’empirer la situation, ralentissant les tentatives de remédier aux multiples problèmes:
Ces révélations font écho à un rapport remis au ministre de la Santé en novembre dernier selon lequel la centralisation excessive des services de la santé héritée des réformes Barrette a sérieusement nui à la capacité du réseau à gérer la pandémie.