Les États-Unis ont annoncé mercredi qu’ils sont en faveur de lever les brevets sur les vaccins contre la Covid-19 pour en accélérer la production. La mesure est réclamée depuis des mois, et si cette nouvelle ouverture de la part des États-Unis est bien reçue, il faudra plus pour assurer une distribution équitable des vaccins.
L’administration de Joe Biden a déclaré être en faveur de la suspension temporaire des brevets sur les vaccins contre la Covid-19. La représentante américaine au Commerce Katherine Tai a expliqué que même si le gouvernement des États-Unis demeure soucieux de protéger la propriété intellectuelle, il faut mettre fin à la pandémie le plus rapidement possible. La suspension temporaire des règles de propriété intellectuelle devrait favoriser une distribution plus égalitaire des vaccins à l’échelle mondiale.
Une motion déposée par Québec solidaire visant à saluer la décision du président américain et s’engager à faire pression sur le gouvernement du Canada pour qu’il lui emboîte le pas a été adoptée ce matin à l’Assemblée nationale.
Plusieurs activistes ont en effet appelé à suspendre ces brevets et critiqué l’attitude de plusieurs pays riches, qui creuse un fossé de plus en plus profond entre eux et les pays qui n’ont pas reçu de vaccins. Certains se servent à même le système de partage des vaccins COVAX, comme l’a fait le Canada. COVAX devait livrer deux milliards de doses à des pays moins fortunés en 2021 mais n’en a acheminé que 49 millions pour le moment. Alors que les campagnes de vaccination battent leur plein dans les pays fortunés, d’autres pays sont aux prises avec des vagues dévastatrices. Par exemple, l’Inde compte actuellement plus de 222 000 décès.
Suspendre les règles de la propriété intellectuelle permettrait aux pays qui disposent de l’infrastructure nécessaire mais qui n’ont pas le droit de produire les vaccins développés par certaines compagnies pharmaceutiques, d’en approvisionner d’autres en vaccins. L’idée avait été mise de l’avant en décembre dernier dans une proposition soumise à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par l’Afrique du Sud et l’Inde. Les États-Unis l’avaient alors rejeté, tout comme l’ensemble des pays riches.
Si la suspension des brevets est un premier pas important, certains activistes rappellent qu’elle n’est pas suffisante. Pour augmenter l’offre de vaccins de manière appréciable, l’épidémiologiste Gregg Gonsalves, de l’université Yale, affirme que les compagnies pharmaceutiques devront aussi partager leur expertise technologique, leur savoir-faire et leur personnel.