Trois ministères fédéraux maintiennent leurs avis négatifs à l’égard du projet Laurentia, malgré les prétentions environnementales du port de Québec. Le gouvernement Trudeau doit décider prochainement s’il approuve le projet d’agrandissement portuaire, qui suscite une forte opposition locale.
Les derniers ajustements apportés au projet Laurentia par le port de Québec ne changent rien au verdict de trois ministères fédéraux : l’agrandissement du port et la construction d’un nouveau quai en eau profonde seraient nuisibles à l’environnement et à la santé humaine.
Les ministères de la Santé, de l’Environnement ainsi que Pêches et Océans Canada avaient déjà émis des jugements négatifs à l’égard du projet Laurentia dès l’automne dernier. Suite à cela, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) avait déposé en novembre un rapport préliminaire concluant que le projet posait de sérieux risques écologiques, mais aussi sociaux et économiques.
L’agrandissement du port compromettrait la qualité de l’air et menacerait l’habitat des poissons, tout particulièrement du bar rayé, une espèce menacée. De plus, le projet Laurentia nuirait à la pêche sportive et commerciale, ainsi qu’aux activités traditionnelles de pêche des groupes autochtones de la région.
Les administrateurs du port s’étaient dits insatisfaits de l’étude d’impact provisoire de l’AEIC, affirmant qu’elle ignorait des efforts de leur part pour atténuer les dangers du projet Laurentia. Or, les documents supplémentaires soumis par le port ne suffisent en rien à rendre le projet plus acceptable, concluent les ministères concernés. Une bonne part des prétentions écologistes du port de Québec avaient déjà été fortement critiquées, jugées irréalistes et insuffisantes par plusieurs.
L’AEIC pourra donc finaliser son rapport et le soumettre au ministre de l’Environnement, qui doit rendre sa décision d’ici le 10 juin.
De nombreux groupes citoyens et écologistes s’opposent au projet Laurentia, de même que tous les élus locaux des trois paliers de gouvernement. Les observateurs s’attendent à ce que le gouvernement Trudeau rejette le projet, mais le souvenir de la récente affaire du port de Contrecœur soulève tout de même des craintes. En effet, en mars dernier, les libéraux ont autorisé la construction d’un nouveau terminal portuaire sur la rive sud de Montréal, malgré que le projet pose de graves risques écologiques et déroge aux lois environnementales.