Les mauvaises conditions de travail dans la construction font fuir la main-d’oeuvre

Instabilité des emplois, manque de sécurité sur les chantiers : les conditions de travail soulèvent une insatisfaction croissante chez les travailleurs de la construction, poussant à l’abandon de nombreux nouveaux venus. Alors que les employeurs proposent de déréglementer l’industrie pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre, un récent rapport montre plutôt qu’une meilleure protection des travailleurs permettrait de mieux les retenir.

Le milieu de la construction peine à retenir la main-d’oeuvre, apprend-on dans un rapport de la Commission de la construction du Québec (CCQ) et obtenu par l’organisme Action travail des femmes (ATF) après une demande d’accès à l’information. 15% des travailleurs abandonnent le secteur dans l’année qui suit leur entrée dans l’industrie de la construction. Ce taux grimpe à 35% après cinq ans.

Les mauvaises conditions de travail sont l’une des principales causes invoquées par ceux qui quittent le secteur. Plus de la moitié d’entre eux considèrent que l’instabilité d’emploi est trop grande, ou encore que la pression de production est trop forte. Le tiers jugent aussi que leur sécurité n’est pas convenablement assurée par les mesures en place.

L’insatisfaction relative aux conditions de travail a connu une forte hausse depuis une enquête similaire menée en 2004, et ce, autant chez les travailleurs qui quittent le secteur que chez ceux qui y restent. Ces derniers sont cinq fois plus nombreux à déplorer leurs conditions qu’il y a quinze ans.

Le rapport jette donc une nouvelle lumière sur la pénurie de main-d’oeuvre qui affecterait l’industrie de la construction. Pour résoudre celle-ci, les employeurs demandent des allégements réglementaires, que le ministre du Travail s’apprête à leur accorder. Mais c’est faire fausse route, selon les syndicats de la construction : en fait, la main-d’oeuvre ne manque pas et il s’agirait surtout de savoir la retenir, ce qui implique une amélioration des conditions de travail, et non une déréglementation.

Quant à la réforme sur la santé et sécurité au travail que propose à l’heure actuelle le ministre du Travail, les syndicats considèrent qu’elle met davantage à risque les travailleurs dans le but de faire économiser les employeurs. Elle va par le fait même à l’encontre des préoccupations exprimées par les travailleurs de la construction dans le rapport.


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