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Les infirmières refusent de payer pour se mettre en danger

Privées de vacances, surchargées et mal protégées, des milliers d’infirmières refusent de payer pour avoir le droit de travailler dans de telles conditions. Deux pétitions demandent au gouvernement et aux ordres professionnels « un permis gratuit », alors que les frais ont grimpé pour l’année 2021-2022.  

Des infirmières de partout au Québec refusent de payer leur cotisation annuelle à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et à l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (OIIAQ). Selon une infirmière de l’hôpital de la Cité-de-la-Santé à Laval, les frais de 470 $ pour l’OIIQ et de 250$ pour l’OIIAQ sont « difficiles à avaler », surtout en regard de leurs conditions de travail.

« On n’a plus de vacances, plus de fériés, notre charge de travail a doublé. On manque d’équipement. On ne se sent pas en sécurité. Est-ce qu’on a vraiment à payer pour travailler dans ces conditions-là ? »

Émilie, infirmière aux soins intensifs de la Cité-de-la-Santé en entrevue au Journal de Montréal

Les infirmières de la Cité-de-la-Santé ont lancé deux pétitions pour « un permis gratuit ». La pétition destinée à l’OIIQ a reçu plus de 34 000 signatures et celle adressée à l’OIIAQ a passé le cap des 10 000. Une infirmière qui se dit « épuisée » et qui a voulu garder l’anonymat déplore de plus l’augmentation de 20$ des frais du permis sans justification : « [c]’est comme ça que l’Ordre a décidé de nous remercier ». La vice-présidente aux communications de l’Association québécoise des infirmières et infirmiers, Ève-Lyne Clusiault, ajoute que l’épuisement est généralisé:

« La majorité de mes collègues sont actuellement en burn-out, épuisées, quand elles ne sont pas carrément en choc post-traumatique. Plusieurs ont des idées suicidaires. […] Nous sommes le ciment du système de santé. Si nous sommes malades, c’est la population entière qui en souffre. »

Ève-Lyne Clusiault en entrevue au Journal de Montréal

Le gouvernement de la CAQ refuse d’améliorer les difficiles conditions de travail qui ont poussé des milliers d’infirmières à quitter leur poste dans la dernière année. Or, la possibilité d’une troisième vague et les retards à rattraper à cause de la pandémie vont continuer d’alourdir la tâche du personnel de la santé.


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