En ce jour de déménagement, des centaines de locataires se retrouvent à la rue, faute d’avoir pu trouver un appartement abordable. La crise du logement est aggravée par certaines pratiques des propriétaires immobiliers, comme les « rénovictions », les hausses de loyer extrêmes ou la discrimination illégale.
Au moins 400 ménages se retrouvent sans toit à partir d’aujourd’hui au Québec, selon les chiffres compilés par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). La crise frappe toute la province : une centaine de familles sont touchées à Montréal, mais on compte aussi 72 ménages sans logement à Sherbrooke, ou encore 74 à Drummondville.
C’est que non seulement les appartements à louer sont peu nombreux, mais les logements abordables sont encore plus difficiles à trouver, puisque les propriétaires profitent de la rareté pour gonfler le prix des loyers, selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ). En effet, dans la plupart des villes du Québec, les loyers ont monté en flèche, confirme une enquête menée par le RCLALQ. En seulement un an, le prix moyen des quatre et demi disponibles a bondi de 11% à Montréal, ou encore de 16% dans des villes comme Sherbrooke, Drummondville, Trois-Rivières ou Saint-Hyacinthe. À Granby, la hausse atteint même 22%.
De plus, selon les groupes de défense des locataires, plusieurs de ceux qui demandent de l’aide pour trouver un logement cette année ont été forcés de déménager parce que leur propriétaire les a évincés, souvent pour effectuer des travaux de rénovation visant à relouer les appartements plus chers.
Même pour ceux qui ont trouvé un toit, la situation demeure difficile, explique Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ. « Les locataires à la recherche d’un logement […] doivent débourser des sommes de plus en plus importantes pour se loger, souvent au risque de s’endetter [ou] de couper dans leurs autres besoins essentiels. D’autres locataires doivent quitter leur quartier, incapables d’y trouver un logement qui respecte leur budget et doivent trop souvent […] louer un logement insalubre ou trop petit. »
La crise du logement contribue aussi à augmenter toutes sortes d’inégalités systémiques, rappelle le RCLALQ. En effet, de nombreux propriétaires pratiquent de la discrimination illégale en refusant par exemple de louer leurs logements à des personnes racisées, sans emploi, ou qui ont des enfants.