Une cheffe d’entreprise française a avoué avoir planifié l’assassinat d’un de ses employés, un syndicaliste et militant des gilets jaunes, parce qu’elle le trouvait « gênant ». Elle aurait fait affaire avec un groupe criminel professionnel composé de militaires et d’anciens policiers, révèle une enquête en cours.
Entre 2018 et 2020, Hassan T., travailleur dans une fabrique de plastique et membre de la Confédération générale du travail (CGT), s’implique dans différentes mobilisations sociales et parle beaucoup de son engagement avec ses collègues. La situation inquiète Murielle Millet, directrice générale de l’entreprise, qui craint que ses employés ne forment un syndicat. Elle demande à Hassan T. « d’essayer de se calmer » et lui propose de mettre fin à son contrat de travail, mais celui-ci ne se plie pas aux volontés de la patronne.
Tenant à tout prix à préserver « l’esprit familial » de son entreprise, la directrice générale se serait donc résolue à commander le meurtre de son employé. L’idée lui aurait d’abord été suggérée par Frédéric Vaglio, un expert en sécurité avec lequel elle faisait affaire, qui était aussi à la tête d’un groupe criminel organisant des meurtres commandités. Mme Millet affirme aujourd’hui avoir accepté l’idée d’assassinat sous la pression de M. Vaglio, puis avoir rapidement changé d’avis et ordonné l’abandon du complot.
Pour des raisons qui restent encore incertaines, l’assassinat n’a en tout cas jamais été réalisé. L’une des hypothèses est que le tueur engagé par M. Vaglio aurait renoncé à accomplir son contrat après avoir constaté qu’Hassan T. vivait avec sa femme et ses enfants.
La cellule criminelle avec laquelle la cheffe d’entreprise a depuis fait affaire n’en était pas à ses premiers pas. Entre 2019 et 2020, elle aurait exécuté ou planifié une dizaine de meurtres et de manœuvres d’intimidation. Elle était dirigée conjointement par Frédéric Vaglio et Daniel Beaulieu, un ancien militaire de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), l’agence de renseignement française. Elle réunissait notamment d’autres militaires de la DGSE ainsi que d’anciens policiers. Selon les informations disponibles, les crimes fomentés avaient d’abord des motivations économiques : élimination d’une entrepreneure concurrente, représailles pour dettes impayées, etc. Le réseau a été démantelé au cours des derniers mois, après qu’une tentative d’assassinat manquée ait permis de remonter jusqu’aux dirigeants.