COVID-19 : « Les CLSC auraient pu nous éviter pas mal de morts et de souffrance »

Dans un livre publié chez Écosociété, la politologue Anne Plourde nous montre comment les élites québécoises ont saboté les CLSC. Pourtant, cette innovation québécoise en santé aurait pu nous être très utile pendant la pandémie. 

Dans Le capitalisme, c’est mauvais pour la santé, Anne Plourde présente une histoire des CLSC au Québec pour illustrer à quel point notre système social et économique nous rend malade. En traversant 50 ans d’histoire et en réalisant des dizaines d’entrevues, elle résume comment le Québec est passé « d’un système de santé d’avant-garde, envié partout dans le monde » en 1970 à un « échec » pour gérer la pandémie en 2020.

Au cœur de son récit, les CLSC, cette invention québécoise qui au départ mélangeait médecine de proximité, démocratie et collaboration entre les professionnels. En entrevue avec Majeur, elle s’imagine ce qu’aurait été la pandémie si le Québec avait préservé ses CLSC.

« Si on avait eu pendant la pandémie des CLSC comme on les a conçus en 1970, ça aurait été bien différent. On aurait pu offrir des services à domicile qui ont de l’allure et donc avoir moins gens en résidences privées, on aurait pu s’occuper de la santé mentale des gens parce qu’on aurait eu les ressources disponibles pour le faire, on n’aurait pas concentré toutes les ressources dans les hôpitaux donc elles auraient pu être envoyées dans les CHSLD. Bref, on aurait évité pas mal de morts et de souffrance. »

Anne Plourde, auteure du livre Le capitalisme, c’est mauvais pour la santé

Le livre raconte comment les médecins ont refusé de devenir des salariés en CLSC et ont préféré garder leurs privilèges en cliniques. Il raconte aussi que les hommes d’affaires et les politiciens étaient agacés par le fait que les CLSC présentaient la santé comme une question sociale et politique. Avec les élites liguées contre eux, les CLSC auront duré une dizaine d’années dans leur forme originale. Le démantèlement a commencé par le biais du ministre péquiste Denis Lazure au début des années 1980.

« Au lieu de ces cliniques où on avait accès à des infirmières, des psychologues, des travailleuses sociales et même des dentistes, on a choisi de centrer notre système sur trois choses : les hôpitaux, les médecins et les pilules. C’était une grave erreur. »

Anne Plourde, auteure du livre Le capitalisme, c’est mauvais pour la santé


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