L’Institut Fraser accuse les lois canadiennes de retarder la mise en marché de médicaments et pense qu’il faut moins de réglementation. Toutefois, son rapport montre en fait que les compagnies pharmaceutiques sont elles-mêmes responsables des délais parce qu’elles attendent parfois jusqu’à 15 mois avant de soumettre leurs produits à l’évaluation du gouvernement.
Un rapport de l’Institut Fraser prétend avoir trouvé la preuve que les lois canadiennes balisant la mise en marché de nouveaux médicaments doivent être abolies pour permettre aux compagnies pharmaceutiques de mettre leurs produits sur le marché le plus vite possible. Cette conclusion s’appuie sur une comparaison entre les délais pour l’autorisation de nouveaux médicaments aux États-Unis, dans l’Union Européenne et au Canada. En moyenne, entre 2012 et 2013 et 2018 et 2019, les nouveaux médicaments ont été approuvés 469 jours plus tôt aux États-Unis et 468 jours plus tôt dans l’Union européenne qu’au Canada.
Or, une analyse du rapport par PressProgress montre que ces chiffres sont trompeurs. En effet, le même rapport reconnaît noir sur blanc que ces délais sont principalement la faute des compagnies pharmaceutiques. Celles-ci peuvent attendre parfois jusqu’à 15 mois avant de déposer leurs demandes d’approbation à Santé Canada. Donc, selon l’Institut Fraser lui-même, le « facteur le plus important pour expliquer ces retards » est que les compagnies pharmaceutiques elles-mêmes ne sont pas pressées de mettre leurs produits sur le marché.
Selon PressProgress, en tenant compte des retards occasionnés par les pharmaceutiques, les États-Unis n’ont en moyenne que 4 jours d’avance sur le Canada. L’Union européenne, elle, a seulement 9 jours d’avance.
Le docteur Joel Lexchin, professeur émérite en politique de la santé à l’université York, affirme en entrevue à PressProgress que les compagnies se font attendre avant de soumettre leurs produits à l’examen de Santé Canada parce que le marché canadien n’est pas assez lucratif. Contrairement au Canada, les États-Unis n’exercent aucun contrôle sur le prix des médicaments et leur marché est donc plus attrayant pour ces compagnies.
Lors de la dernière campagne électorale, le Parti libéral du Canada avait promis un régime d’assurance-médicament universel. Les élus libéraux ont toutefois voté contre un projet de loi du Nouveau parti démocratique visant à entamer la création de ce régime, qui permettrait un meilleur contrôle du prix des médicaments.