L’avocat recruté par la Société de transport de Montréal (STM), qui devra réviser l’enquête interne sur l’arrestation violente d’une femme noire dans le métro, a l’habitude de défendre des policiers ayant des démêlés en déontologie. Cela remet en question son « indépendance », alors même que les conclusions préliminaires de l’enquête tendent à innocenter les agents mis en cause.
La STM a annoncé l’ouverture d’une enquête interne sur l’arrestation violente d’une femme par ses inspecteurs, un événement dont les images ont fait le tour du Web. L’agence de transport a aussi annoncé qu’elle collaborerait avec un « expert indépendant », l’avocat Marco Gaggino, chargé de réviser les conclusions préliminaires de l’enquête.
Or, cet expert est précisément spécialisé dans la défense des policiers cités devant le Comité de déontologie policière. C’est ce qu’a révélé Alexandre Popovic, activiste contre les abus policiers. Depuis plus de 25 ans, Me Gaggino a représenté à au moins 80 reprises des agents visés par des plaintes suffisamment sérieuses pour mener à une comparution devant le Comité. Il a aussi représenté l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ), qui cherchait à obtenir un statut de participant à la Commission Viens : celle-ci se penchait notamment sur les mauvais traitements réservés aux Autochtones du Québec par certains corps policiers.
Pourtant, la STM se contente de désigner Me Gaggino comme un « avocat spécialisé en déontologie policière » et affirme que son « indépendance » permettra de « conserver la confiance et maintenir le sentiment de sécurité » du public. Ce n’est pas l’avis d’Alexandre Popovic, pour qui « la STM s’est bien payé la tête du public avec son histoire d’expert indépendant ».
La semaine dernière, des inspecteurs de la STM ont été filmés alors qu’ils maintenaient violemment au sol et assénaient plusieurs coups à une femme noire, qui cherchait à échapper à leur emprise. La femme, qui n’aurait pas payé son passage dans le métro, a dû être hospitalisée. Les conclusions préliminaires de l’enquête interne que devra réviser Me Gaggino indiquent déjà que « l’intervention des inspecteurs a suivi les règles de l’emploi de la force », a déclaré la STM.
Le profilage racial et les violences policières contre les personnes racisées et autochtones constituent d’importants problèmes à Montréal et ailleurs au Québec. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) signalait récemment que les plaintes à ce sujet étaient même en forte hausse dans la province dans les dernières années.