Une grève nationale et de grandes manifestations ont secoué la Colombie cette semaine, en réponse à une réforme fiscale inéquitable planifiée par le gouvernement de droite dure d’Iván Duque. Les forces de l’ordre déployées dans le pays ont ouvert le feu sur les manifestants, faisant des dizaines de victimes.
Les manifestations populaires qui animent la Colombie depuis une semaine ont été réprimées avec une violence extrême par les forces de l’ordre. La police et même l’armée ont été déployées par milliers dans le pays et ont tiré sur les manifestants, selon l’ONU et plusieurs organisations humanitaires. Une vingtaine de personnes ont été tuées et plus de 800 ont été blessées. Près de mille cas de violences policières ont été recensés par une ONG locale, tandis la police affirme avoir fait 431 arrestations.
Le président Iván Duque a tenu à offrir son soutien aux policiers et aux soldats. Le ministre de la Défense a quant à lui affirmé que le mouvement de contestation dirigé contre le gouvernement de droite radicale était l’œuvre de groupes rebelles armés.
C’est plutôt le Comité national de la grève, regroupant plusieurs organisations politiques, syndicales, étudiantes et autochtones, qui a d’abord lancé un appel à débrayer et à manifester le 28 avril. La mobilisation visait d’abord à contester une réforme fiscale planifiée par le gouvernement Duque, augmentant les taxes et les impôts pour la classe moyenne. Le projet se voulait une manière de répondre à la grave crise économique provoquée par la pandémie, mais il menace précisément ceux qui paient déjà le prix de cette crise. En Colombie, une personne sur six est au chômage et près de la moitié de la population vit dans la pauvreté.
La vaste mobilisation des derniers jours, lors de laquelle de nombreuses routes ont été bloquées par les grévistes, a d’ailleurs forcé le gouvernement à retirer son projet de loi en attendant d’en proposer une nouvelle version. Mais cela n’a pas suffi à freiner les manifestations, qui ont pris une nouvelle ampleur. La colère est maintenant dirigée contre le gouvernement Duque en général : fortement campé à droite, il multiplie en effet depuis des années les attaques contre les moins nantis ainsi que les projets économiques destructeurs pour l’environnement.
Une nouvelle journée de grève nationale et de manifestations a été organisée ce mercredi. Un rassemblement est aussi prévu aujourd’hui à Québec devant l’Assemblée nationale. Les groupes de citoyens d’origine colombienne derrière l’événement veulent exprimer leur solidarité avec les manifestants, mais aussi sensibiliser les Québécois et les Canadiens aux violences en cours dans leur pays d’origine.