Photo : Lisa Gansky | Flickr

Claude Julien ou Marc Bergevin : est-ce que le Canadien a congédié la bonne personne?

Le 24 février dernier, Marc Bergevin a surpris le monde du hockey en congédiant son entraîneur, Claude Julien. Pourtant, ce sont plutôt les choix de Bergevin lui-même qui empêchent l’équipe de performer à son plein potentiel.

Le Canadien avait connu un fort début de saison, mais s’essoufflait rapidement. Avec une saison écourtée à cause de la COVID-19, le directeur général Marc Bergevin voulait lancer rapidement un message clair en changeant d’entraîneur, remplaçant Claude Julien par Dominique Ducharme.

« Ce qu’il y a de difficile à regarder c’est notre transformation d’une équipe talentueuse qui joue du bon hockey et avec du rythme, engagé dans les batailles, avec une forte identité et de la vitesse, vers une équipe de l’autre bord du spectre, qui semble se chercher. Qui court après sa queue. »

Marc Bergevin

Les Canadiens avaient pourtant fait le plein de nouveaux joueurs prometteurs. La venue de Josh Anderson et Tyle Toffoli devait leur permettre de marquer de nombreux buts. L’équipe pouvait compter sur quatre trios menaçants et l’expression du moment était : « profondeur ». Le premier trio composé de Danault, Gallagher et Tatar faisait déjà tourner les têtes l’année précédente. La venue de Joel Edmundson et Jake Allen devait solidifier la défense et les buts.

Malgré tout, dès le début de la saison, Claude Julien avait prévenu les médias que le rythme et la fougue de son équipe devaient être analysés avec prudence. Il répétait que ce n’était pas durable et que le Canadien ralentirait même s’il avait un très bon départ. Selon lui, le véritable test était la durabilité de l’équipe et la « profondeur » de son alignement.

Bergevin n’a pas entendu ce message et s’est débarrassé de Julien lorsque les difficultés sont apparues.

Plafond salarial et mesures COVID-19

De plus, Bergevin ne donne pas tous les outils nécessaires à son nouvel entraîneur, Dominique Ducharme, pour remonter la pente.

L’équipe est serrée sous le plafond salarial et doit jongler avec les mesures imposées pour protéger les joueurs de la COVID-19. Toutes les équipes de la LNH ont une réserve de joueurs, qui restent à proximité de l’équipe sans compter dans la masse salariale, pour remplacer à la dernière minute des joueurs qui devraient être isolés à cause de la maladie. Les équipes pouvaient faire autant de déplacement de joueurs entre la ligue nationale, la ligue américaine et l’escouade de réserve qu’elles le désiraient avant la date limite des échanges. Or, depuis cette date, elles n’ont plus droit qu’à quatre rappels (à moins de blessure).

Pour les Canadiens, les trois quarts des rappels ont été effectués juste après l’échéance, pour une raison que les analystes n’arrivent pas à expliquer. Ces rappels auraient pu être effectués la veille sans aucune conséquence. Cela crée de fâcheuses situations. Par exemple, le 24 avril, les Canadiens n’ont pu avoir que 11 attaquants à cause des problèmes de plafond salarial et des limites de rappels. Et comme Tatar n’a pu finir la rencontre, l’équipe a fini avec seulement dix attaquants. Cela devient difficile d’avoir un jeu intense et basé sur la profondeur lorsqu’il manque deux joueurs.

De plus, Bergevin a procédé à des échanges pour obtenir deux défenseurs « de profondeur », Merril et Gustafsson. Cela l’a poussé à mettre Victor Mete au ballotage, en espérant qu’il reste sur son escouade de réserve ou dans la Ligue américaine. Malheureusement, les Sénateurs ont réclamé Mete au ballotage. Celui-ci coûtait la moitié du prix de Gustafsson pour un impact équivalent. Est-ce que la manoeuvre de Bergevin en valait vraiment la chandelle?

Bloqué sous le plafond salarial et sans la possibilité d’effectuer des changements dans son alignement, l’entraîneur par interim, Dominique Ducharme, accumule les défaites et compile une fiche de 12-12-5 après le match du 25 avril, soit un rendement de 0,413 comparativement à 9-5-4 pour Claude Julien (rendement de 0,5)

En voulant se donner toutes les chances de gagner, Bergevin a plutôt prouvé qu’il n’était capable que de monter une équipe destinée à rester au milieu de classement. Claude Julien est parti, mais peut-être que le véritable responsable des malheurs du Canadien est toujours en poste.


Vous aimez nos publications?
Suivez Majeur sur vos réseaux sociaux