Photo : Sharon McCutcheon / Unsplash

La pandémie montre que le régime d’assurance médicament fonctionne mal

La pandémie et les difficultés économiques qu’elle a engendrées ont mis en lumière et, dans certains cas, empiré les problèmes qui minent le régime d’assurance médicaments du Québec depuis sa fondation. Sans réforme, le régime continuera de favoriser les compagnies pharmaceutiques et les assureurs privés au détriment de la population.

Les problèmes du régime québécois sont connus depuis longtemps. Par exemple, une étude menée en 2017 avait montré que certaines personnes doivent consacrer jusqu’à 10% de leur revenu annuel à leurs primes d’assurance privée. Toutefois, la pandémie a considérablement empiré les choses: 18% de la population québécoise a été forcée de renoncer à acheter un médicament l’année dernière, comme le montre une lettre ouverte d’Élisabeth Gibeau, une analyste en santé de l’Union de consommateurs. Pourtant ce régime existe justement pour éviter que les gens qui ont besoin de médicaments se privent d’en acheter à cause de prix trop élevés.

Le système du Québec, souvent présenté comme un modèle d’accessibilité, est fondé sur un partenariat public-privé qui en réduit l’efficacité. La majorité des personnes assurées, soit environ 60%, sont assurées au privé, par l’entremise de leur employeur. Les personnes qui n’ont pas accès à une assurance privée bénéficient pour leur part d’une couverture publique et, souvent, de médicaments plus abordables. 

Les services offerts par le privé sont aussi plus chers. Par exemple, les frais d’administration sont de 2% pour le régime public mais peuvent aller jusqu’à 37% pour un régime privé. Notamment, il est aussi plus facile d’avoir accès à des médicaments génériques au public qu’au privé. Comme le souligne Élisabeth Gibeau, une personne assurée par un régime privé paiera donc ses médicaments en moyenne presque 19% plus cher qu’une personne assurée au public. 

Ce système tend donc à favoriser les compagnies pharmaceutiques et les assureurs. En plus d’imposer des coûts élevés à la majeure partie de la population, il rend difficile toute tentative de faire baisser les prix des médicaments. Puisqu’il n’est pas le seul à payer, le gouvernement n’est pas en mesure de négocier des rabais sur des médicaments pour l’ensemble de la population. En revanche, un régime d’assurance médicaments entièrement public et universel pourrait permettre d’économiser plus de 3 milliards $ au Québec. 


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