Un groupe de citoyens, d’élus et de personnalités publiques lance une déclaration dénonçant les propos haineux et l’intimidation auxquels se livrent des intervenants des grands médias. Ils s’inquiètent de la contribution de certains commentateurs professionnels à la montée du racisme, et même des actes violents.
Le collectif derrière la déclaration réunit notamment la députée de Québec solidaire Catherine Dorion, le rappeur Webster, ou encore l’ancien animateur de « radio trash » Stéphane Gendron. Ce dernier juge aujourd’hui essentiel de dénoncer la culture de l’ignorance, du mépris et du racisme à laquelle il a contribué.
Le groupe a choisi le nom de « Liberté d’oppression » pour dénoncer le fait que certains professionnels des médias se cachent derrière le droit à la liberté d’expression pour justifier des propos malveillants et parfois dangereux, ciblant beaucoup les femmes, les immigrants ou encore les autochtones.
Les signataires s’inquiètent du fait que des commentateurs disposant d’importantes tribunes médiatiques fassent taire leurs opposants, en utilisant leur pouvoir pour les attaquer à répétition et créer un régime de peur. Pourtant, ce sont ceux-là mêmes qui s’expriment un peu partout qui crient à la censure.
La liberté d’expression n’est pas non plus une excuse pour proférer des propos haineux et discriminatoires, qui sont d’ailleurs strictement limités par la loi, insistent les membres du collectif.
Qui plus est, les discours violents ne sont jamais que des mots : ils peuvent avoir des conséquences concrètes et désastreuses dans la réalité. L’un des membres du collectif est ainsi Boufeldja Benabdallah, co-fondateur du Centre culturel islamique de Québec qui a été la cible d’un attentat terroriste en 2017, à un moment où des animateurs et chroniqueurs influents contribuaient à alimenter un climat d’islamophobie dans la province. Les crimes haineux sont d’ailleurs en forte hausse au Canada dans les dernières années.
S’il faut évidemment sévir contre les propos diffamatoires et haineux interdits, M. Benabdallah et ses partenaires ne demandent pas pour autant de censurer les discours avec lesquels ils ne sont pas d’accord. Ils demandent surtout aux entreprises médiatiques de s’interroger sur ce qu’elles diffusent. Ils rappellent aussi que les citoyens ont le droit et le devoir de dénoncer l’intimidation lorsqu’elle survient.