Perquisition illégale et inutile, perte d’indices, mauvais traitements envers la famille de la victime : la manière dont la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a agi après la mort violente du jeune Cri Colten Boushie a été marquée par la discrimination raciale et la négligence, conclut un rapport rendu public lundi. Pour des proches et des leaders autochtones, c’est un exemple parmi tant d’autres du racisme systémique inscrit au cœur des institutions policières canadiennes.
La GRC a manqué de rigueur dans son enquête sur la mort de Colten Boushie, en plus de faire preuve de discrimination raciale à l’égard de la famille et d’autres témoins autochtones, conclut un nouveau rapport de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC (CCETP).
Colten Boushie a été tué par balle en août 2016, lorsqu’il est entré sur le terrain de Gerald Stanley afin d’obtenir de l’aide pour réparer une crevaison sur son véhicule. Le procès qui a suivi a mené à l’acquittement de Gerald Stanley, qui affirme avoir tiré involontairement.
Le soir des événements, des policiers de la GRC ont encerclé armes à la main la maison de Debbie Baptiste, la mère de la victime, puis ont illégalement et inutilement fouillé la résidence, sans même avoir informé Mme Baptiste de la mort de son fils. Ils ont aussi eu des comportements inappropriés à son égard, en l’accusant d’avoir bu ou encore en mettant en doute sa parole sans raison valable, établit la CCETP.
Des témoins autochtones ont eux aussi été maltraités, alors que le tireur et sa famille, eux, ont eu droit au respect de la GRC. On les a même laissés se consulter avant de déposer leur version des faits, ce qui est contraire à la procédure habituelle.
De manière générale, la manière dont l’enquête a été menée démontre un manque de considération. Les agents de la GRC n’ont pas pris la peine de bien protéger la scène de crime contre les intempéries, tout en tardant avant de demander un mandat de perquisition, ce qui a mené à la perte d’indices importants.
Selon la famille de Colten Boushie et des intervenants autochtones, la situation illustre parfaitement la manière dont le racisme systémique est inscrit dans les institutions du pays, et notamment dans la police. La discrimination et le racisme sont « au cœur » des relations policières avec les Premières nations, affirme Heather Bear, vice-chef de la Fédération des nations autochtones souveraines de la Saskatchewan (FSIN).
Debbie Baptiste et ses proches ont intenté dès 2018 une poursuite civile en réponse aux gestes de la GRC. Les démarches sont encore en cours.