Les humoristes féminines boudées au gala Les Olivier

Pour une première fois en près de dix ans, aucun des prix individuels n’a été remis à une femme lors du dernier gala Les Olivier, qui récompense les artistes de l’humour. Cette absence rappelle à quel point il est difficile pour les femmes humoristes de se faire accepter dans l’industrie, où elles doivent en plus faire face au harcèlement sexuel, comme en témoignent les dénonciations qui ont déchiré le milieu dans les dernières années.

L’ensemble des huit prix individuels remis à des humoristes lors du gala Les Olivier a été décerné à des hommes : aucune femme n’a eu droit à cet honneur. Dès le départ, d’ailleurs, seulement 7 des 40 nominations individuelles visaient des femmes. Même si elles sont généralement peu représentées aux Olivier, c’est la première fois depuis 2012 qu’aucun prix n’est remis à une humoriste féminine.

Interrogée au sujet de cette absence, Karine Carbonneau, membre de l’Observatoire de l’humour, se dit « déçue, mais pas surprise ». La sous-représentation des femmes parmi les artistes nominés et récompensés reflète une iniquité qui touche toute l’industrie, et pas seulement le gala, analyse-t-elle.

Déjà, elles sont bien moins nombreuses à se lancer en humour et quand elles le font, elles sont souvent mal reçues. Selon une étude de 2018 sur l’humour francophone au Québec, la très forte majorité des femmes oeuvrant dans le milieu (85%) jugent qu’elles n’y sont pas traitées comme les hommes. Par exemple, 50% disent entendre fréquemment des commentaires selon lesquels les femmes seraient « moins drôles ».

« Être une femme dans un métier traditionnellement masculin, c’est souvent décourageant et intimidant. »

Karine Carbonneau, de l’Observatoire de l’humour

De plus, les femmes humoristes ont pu être découragées par les frais d’inscription exigés par le gala Les Olivier pour soumettre leur candidature, explique Karine Carbonneau. En effet, elles gagnent souvent moins que les hommes, sans compter que la situation de crise engendrée par la pandémie a encore renforcé les inégalités de genre, comme dans bien des milieux.

La place peu enviable réservée aux femmes dans le monde de l’humour avait déjà été mise en lumière dans les dernières années, alors que plusieurs acteurs de l’industrie, de Gilbert Rozon à Julien Lacroix, ont été visés par des allégations d’agressions sexuelles. Dans le cadre de l’étude déjà mentionnée, environ la moitié des femmes humoristes rapportaient avoir déjà subi ou été témoins de propos ou de gestes désobligeants à caractère sexuel.


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