L'auteure Maria Campbell | Photo : Ted Whitecalf

Halfbreed : traduire un classique de la littérature autochtone pour prendre part à la réconciliation des peuples

La toute première traduction française du livre Halfbreed, de Maria Campbell, permettra enfin aux lecteurs francophones de découvrir ce témoignage essentiel, qui raconte les ravages du colonialisme et la résilience de la nation Métis. Les traducteurs espèrent inspirer les luttes autochtones actuelles, mais aussi contribuer au réveil de tous les Québécois.

Un classique de la littérature autochtone au Canada, le récit autobiographique Halfbreed, de Maria Campbell, est traduit pour la première fois en français aux éditions Prise de parole. D’abord paru en anglais en 1973, ce livre relate le parcours à la fois lumineux et sombre de l’auteure autochtone appartenant à la nation Métis. Il n’avait jamais été rendu accessible aux lecteurs francophones, malgré qu’il soit fréquemment enseigné dans les écoles du pays.

Sa traduction participe en ce sens au processus de réconciliation entre les peuples, comme l’explique Charles Bender, artiste wendat et co-traducteur de l’ouvrage, en entrevue avec Majeur :

« À moment donné, il faut qu’il y ait une discussion! »

Charles Bender, traducteur

« Qu’on ait accès à ce récit-là, c’est super important! », s’exclame quant à lui Jean-Marc Dalpé, écrivain franco-ontarien et co-traducteur. « Je pense qu’on commence à se réveiller », ajoute-t-il en évoquant la reconnaissance de plus en plus grande à laquelle a droit la littérature autochtone au Québec et au Canada. « On espère que ça va appuyer cette nouvelle circulation des œuvres. »

Les traducteurs Charles Bender et Jean-Marc Dalpé | Photos : Brad Gros-Louis / Rachelle Bergeron

Même si c’est en premier lieu aux lecteurs autochtones que Charles Bender et Jean-Marc Dalpé destinent leur traduction, ils jugent que l’œuvre a quelque chose à enseigner à tout le monde. « J’ai voulu traduire les mots de Maria Campbell pour les rendre disponibles à mes frères et sœurs Autochtones, mais c’est aussi pour tous les Québécois francophones », explique Charles Bender.

Malgré les ravages du racisme et de la misère dont témoigne Maria Campbell, elle offre un récit où transparaît la force d’une femme et d’un peuple qui cherchent la guérison dans la solidarité. Pour Charles Bender, ce témoignage est un exemple de résilience, qui a le pouvoir d’inspirer les Autochtones dans leurs luttes actuelles.

« C’est autour de phares comme celui-là qu’on se réunit. »

Charles Bender, traducteur

Halfbreed raconte le parcours à la fois lumineux et sombre de Maria Campbell, son enfance dans le nord de la Saskatchewan auprès des siens, mais aussi les dures années qui ont suivi, durant lesquelles elle s’exile à Vancouver, connaissant une grande pauvreté, vivant de l’industrie du sexe et affrontant des problèmes de dépendance. S’ensuit une quête de guérison à la fois personnelle et collective.

La traduction française comporte aussi, comme la réédition anglaise de 2019, un passage qui avait d’abord été censuré, racontant un viol commis contre Maria Campbell par un agent de la GRC : un événement douloureux qui symbolise cruellement la violence du colonialisme au Canada.


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