Le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, était visiblement mal à l’aise lors de son passage à l’émission de Patrick Huard, où l’animateur et deux intervenants autochtones l’ont confronté sur son refus de reconnaître l’existence du racisme systémique. L’obstination de la CAQ à ce sujet déçoit les communautés autochtones, qui attendent toujours un plan d’action sérieux pour lutter contre la discrimination.
L’ancien policier et ministre responsable des Affaires autochtones Ian Lafrenière a fait face à un interrogatoire serré mardi à l’émission La Tour, animée par Patrick Huard. En compagnie de Michèle Audette, ex-commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et de Quentin Condo, rappeur mi’gmaq, l’animateur a vivement exposé son incompréhension devant le refus du gouvernement caquiste d’utiliser les mots « racisme systémique » pour définir la situation vécue par les Autochtones du Québec et du Canada.
Indigné, Patrick Huard a évoqué le nouveau cas d’attaques racistes au CLSC de Joliette, à l’endroit de Jocelyne Ottawa, une femme atikamekw, quelques mois à peine après la mort de Joyce Echaquan. Il a aussi rappelé au ministre que le système des pensionnats, qui visait à éradiquer les cultures autochtones et où mouraient de nombreux enfants arrachés à leurs familles, existait encore il y a à peine vingt-cinq ans.
Le ministre Lafrenière s’est trouvé forcé d’admettre que les Autochtones vivaient du racisme et que le système n’était pas parfait, mais sans vouloir conclure qu’il s’agissait de racisme systémique. Il a aussi justifié son refus de nommer le problème comme étant une stratégie qui lui permet de mieux agir pour le contrer.
Le ministre Lafrenière et la CAQ s’opposent à l’adoption du « Principe de Joyce », un rapport proposant des solutions à la discrimination vécue par les Autochtones dans les services sociaux et de santé, parce que le document fait référence à un racisme systémique. Cette obstruction déçoit amèrement les Atikamekw de Manawan, qui craignent de voir leurs revendications « tablettées » alors qu’il y a encore beaucoup à faire pour atteindre l’égalité.