Après des années de mobilisation des féministes de la « marée verte », le parlement argentin vient d’adopter une loi légalisant l’avortement dans le pays. Les militantes ont eu à affronter de nombreux obstacles, dont le pape lui-même.
C’est arrivé en pleine nuit : vers 4h30 du matin, 38 sénateurs ont voté en faveur d’un projet de loi légalisant l’avortement en Argentine, alors que 29 s’y sont opposés et un seul s’est abstenu. C’était la deuxième fois en un peu plus de deux ans que le sénat se prononçait sur la question. En juin 2018, après un vote favorable de la Chambre des députés, la chambre haute du parlement argentin avait étudié un projet de loi similaire mais avait fini par le rejeter par une poignée de votes.
Cette première défaite n’a pas eu raison de la mobilisation des militantes féministes argentines. Arborant un mouchoir de tissu vert comme symbole de leur lutte pour un accès à l’avortement légal, gratuit et sécuritaire, elles ont multiplié les actions depuis ce temps afin de faire tourner la tendance dans le pays. Une véritable « marée verte ». Dans la dernière année, le sujet de l’avortement a été au centre des débats dans le pays, amenant différents acteurs à se prononcer sur le sujet. Le pape François, lui-même originaire d’Argentine, a pour sa part employé un vocabulaire très dur pour s’opposer au projet, affirmant que se faire avorter est équivalent à engager un tueur à gage pour régler un problème.
Chaque année on estime qu’il se pratique entre 370 000 et 500 000 interruptions de grossesse clandestines dans le pays, ce qui mène à l’hospitalisation d’environ 38 000 femmes en raison de différentes complications. Environ 50 femmes en meurent chaque année. La légalisation devrait réduire considérablement ces données. De plus, une autre loi a été adoptée, dans la nuit de mardi à mercredi, pour créer une allocation pour soutenir les mères durant leur grossesse et les premières années de vie de l’enfant.