Crédit: Université de Sherbrooke

«Christian Rioux joue avec la vérité»

Jean-Pierre Le Glaunec vient de publier l’ouvrage Une arme blanche chez Lux qui déboulonne le discours conservateur du chroniqueur du quotidien Le Devoir. Le professeur en histoire de l’Université de Sherbrooke a passé «trois mois à débusquer, dans le texte, des faux-semblants, des falsifications, des jeux avec l’écriture».

En entrevue avec Majeur, Jean-Pierre Le Glaunec raconte que ce qui l’a poussé à écrire ce texte sont les chroniques que Christian Rioux a rédigées autour de la mort de l’américain George Floyd. Le chroniqueur du Devoir profite de cet événement pour parler d’esclavage mais surtout pour revenir sur ses thèmes favoris attaquant les antiracistes, le multiculturalisme et l’usage de l’anglais dans l’espace public. Pour Jean-Pierre Le Glaunec cette approche doit être critiquée, il prend donc la plume sur le champ pour lui répondre: « L’histoire de l’esclavage est une histoire sérieuse. […] On ne peut pas déformer cette histoire. Il y a une responsabilité morale à dire les choses de manière juste. »

Sa lecture des 3500 textes publiés par Christian Rioux depuis 1993 le mène à trouver d’importants problèmes de méthode.

« Il mélange ses sources. Il attribue à un professeur de Harvard des propos en fait tenus par une figure bien connue de l’extrême-droite française. Je lui ai signalé. Il a reconnu dans son courriel son erreur. Aucun rectificatif n’a été publié à ce sujet dans Le Devoir. »

Jean-Pierre Le Glaunec auteur de Une arme blanche

Malgré qu’il «tourne les coins ronds quand il est question d’histoire», le chroniqueur du Devoir « prend la posture du professeur d’histoire qui sermonne ses lecteurs ». C’est une méthode qui n’est pas propre à Christian Rioux selon Jean-Pierre Le Glaunec, qui voit la même chose chez un Mathieu Bock Côté ou chez un Éric Zemmour en France. Pour lui, Christian Rioux fait partie d’un ensemble de penseurs qui défendent une version conservatrice du nationalisme en utilisant l’histoire comme instrument.

« Christian Rioux c’est le chapelet anti antiraciste. C’est un discours très dangereux. Je ne crois pas qu’il soit raciste. Mais il semble très attiré par le modèle identitaire nationaliste patriotique qui est celui du Front National en France. »

Jean-Pierre Le Glaunec auteur de Une arme blanche


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