Dalie Giroux, dans L’œil du maître paru chez Mémoire d’encrier, affirme que le mouvement indépendantiste québécois a nui à sa cause en considérant trop peu les premiers peuples. En entrevue avec Majeur, elle souligne les occasions manquées qui ont été effacées de notre mémoire collective et propose d’explorer une alliance entre les francophones du Québec et les premiers peuples contre le projet colonial canadien.
La professeure à l’Université d’Ottawa revisite comment le mouvement souverainiste québécois a interagi avec les autochtones. Elle rappelle notamment une rencontre tenue par le gouvernement Lévesque en décembre 1978 au Château Frontenac où les nations autochtones s’étaient rendues et ce contre la volonté du gouvernement fédéral. Le gouvernement de René Lévesque les avait conviées à parler du rapport entre le Québec et les premières nations.
« Le Québec énonça alors clairement qu’il comptait se substituer au fédéral au titre de tuteur colonial, mais qu’il ne comptait pas inaugurer un partenariat d’indépendance avec les peuples autochtones », peut-on lire dans L’œil du maître. La réponse du gouvernement a fait quitter la salle à plusieurs chefs qui ne trouvaient pas au Québec un gouvernement prêt à les considérer comme des égaux.
Si une occasion n’a pas été saisie à l’époque, l’auteure ne considère pas pour autant que toutes les portes soient fermées aujourd’hui. La question qu’il faut se poser selon elle est : « Comment on pourrait organiser la vie sur ces territoires-là autrement que sous tutelle impériale. »
Pour elle, si on souhaite bâtir cette alliance il nous faut repenser notre façon d’habiter le territoire, notamment en «repensant l’économie» en dehors du modèle productiviste et colonial qui a été instauré au Québec jusqu’à présent.